Friday, May 25, 2007

Philippe Warrin, photographe de l'agence Sipa

C'est également lui qui vient de réaliser la photographie officielle de Nicolas Sarkozy en costume de président.


Une image mal cadrée, qu'il eût fallu couper en bas afin de dissimuler cette main gauche pendant bêtement, cette courbe disgracieuse de l'arrière du pantalon et cette position figée telle un piquet.

Ajoutons à cela qu'un étêtage des drapeaux nous aurait empêché de nous souvenir que ledit président n'est pas d'une très haute stature. Bien que photographié en contre-plongée comme il sied à la tradition, les étendards l'enfoncent encore un peu plus dans le sol et l'on eût pu les abaisser, quitte à couper leurs hampes.

Et ce livre en façade placé juste derrière sa tête, qui attire irrésistiblement notre regard !
Et cette coiffure quasiment rousse !
Et ce veston attaché par un seul bouton !
Et ce sourire crispé !
On est loin du chédeuvre…

En situant cette photographie dans la bibliothèque de l'Élysée, Nicolas Sarkozy fait à la fois référence à celles de De Gaulle et Pompidou, mais sans la table


Photographié par Gisèle Freund, François Mitterrand siégeait lui aussi dans la bibliothèque. Un livre en main - on sait les goûts de l'homme pour la littérature et sa propension à en faire étalage - il avait délaissé le queue-de-pie et le bling-bling des médailles officielles

Cette sacrée bibliothèque, pour un nouveau président dont l'étendue de la culture est si souvent contestée…

Jacques Chirac, lui, s'était fait portraiturer dans les jardins de l'Élysée par Bettina Rheims

Il avait eu l'intelligence de placer ses mains inoccupées dans son dos mais le décentrement excessif de sa silhouette semblait nous faire douter de la légitimité de sa présence en ces lieux.

Quant à Valéry Giscard d'Estaing, il avait été le premier à rompre avec la tradition grâce à cette photo de Jacques Henri Lartigue…


Mais revenons à la photographie de notre actuel président.

On a vu que la table avait été remplacée par les drapeaux et l'on peut attribuer au moins deux sens à cette substitution :

1. les livres de la bibliothèque ne sont, dans l'esprit de son propriétaire temporaire, que des livres au mètre ; des livres qui servent de papier peint, des livres qu'on n'ouvrira jamais ; pas besoin de table ni de chaise, donc ;

2. les drapeaux nous renvoient aux photographies officielles des présidents des Zétazunis


Et c'est peut-être la raison pour laquelle le drapeau européen (qui apparaît pour la première fois sur une photo officielle de président de la République française) a été disposé à la gauche du drapeau français, et non pas à droite. Car ainsi, les étoiles sur fond bleu et les bandes horizontales rappellent la bannière amerlocaine.

On notera cependant que si les présidents étazuniens se font immortaliser devant leur drapeau (tout comme Giscard d'Estaing), Nicolas Sarkozy se fait photographier à côté, contre. Comme s'il y avait une opposition, un combat.

Comme si son projet était d'engager une lutte contre ce que représentent ces symboles, ou bien comme s'il y avait, par définition, une incompatibilité à faire coexister sur un même plan ces trois "entités".

On voit par là que le discours est trouble, fort mal maîtrisé.

Et l'on voit par là également que tout ceci n'est qu'une accumulation de maladresses : un petit bonhomme mal fagoté, crispé, perdu dans l'immensité d'une bibliothèque qu'il n'a pas l'intention de consulter et planté tel un piquet contre une paire de drapeaux bien trop grands pour lui.

Comme quoi ce n'était pas forcément intelligent de convoquer Philippe Warrin pour cette photographie, plus habitué à coucher sur papier glacé les starlettes des magazines qu'à immortaliser les personnages officiels


blog la boite à images

1 Comments:

Blogger Imaginair' said...

C'est vrai que la photo fait "gâchée".
Dommage car c'est intéressant de faire oeuvre créatrice sur un sujet pareil.

12/6/07 11:07 PM  

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