Saturday, September 30, 2006

revenir à la nature


pour les psychanalystes évolutionnistes, beaucoup de nos comportements et de nos attirances sont les vestiges de nos anciens besoins animaux : si les humains apprécient autant de spectacle d’une belle nature - une rivière bordée d’arbres, un littoral sous le soleil -, c’est qu’ils y voient la promesse de ressources pour leur survie, de quoi manger, se reposer, se réparer...

pourtant, au-delà du plaisir ressenti s’éveille aussi un obscur et profond sentiment d’appartenance à un ordre qui nous englobe et nous dépasse

c’est pourquoi nous ne faisons pas qu’observer la nature, ou même l’admirer
en réalité nous entrons en connivence avec elle, nous nous rapprochons de notre identité la plus élémentaire


celle des vivants


christophe andré

Mais qui sommes nous?!

Qui sommes nous?
Nous nous sommes rencontrés il y a 4 ans ce soir
Nous nous adorons depuis que nous ne nous aimons plus
Mais qui sommes nous!!!

Friday, September 29, 2006

motel


motel
Originally uploaded by olivia ..

Jean Giono

"Les jours commencent et finissent dans une heure trouble de la nuit.

Ils n'ont pas la forme longue, cette forme des choses qui vont vers des buts:

la flèche, la route, la course de l'homme.

Ils ont la forme ronde, cette forme des choses éternelles et statiques:

le soleil, le monde, Dieu.

La civilisation a voulu nous persuader que nous allons vers quelque chose,

un but lointain. Nous avons oublié que notre seul but,

c'est vivre et que vivre nous le faisons chaque jour et tous les jours

et qu'à toutes les heures de la journée nous atteignons notre but véritable

si nous vivons."


Jean Giono, Rondeur des jours

“Anyone who says sunshine brings happiness has never danced in the rain”

(Unknown)

Thursday, September 28, 2006

Je ne suis qu'une fille qui attend qu'on l'invite à danser.

Meryl Streep - Télérama

Tuesday, September 26, 2006

http://www.aurevoirsimone.com/

through the backyards

Sunday, September 24, 2006

Avancer, avoir encore envie, avoir des envies, de vie
afin de rester en vie

Friday, September 22, 2006

un goût d'été


un goût d'été
Originally uploaded by edenvert.
by Sandrine

Graham Greene

Quand deux êtres se sont aimés, ils ne peuvent se dissimuler la moindre absence de tendresse dans un baiser.

Extrait de La fin d'une liaison

Histoire de l'amour

Le sculpteur et peintre Giacometti avait dit que parfois, pour peindre une tête, il fallait abandonner le reste du corps.
Pour peindre une feuille, il faut sacrifier tout le paysage. On peut avoir l'impression, au début, de se limiter, mais au bout de quelques temps, on se rend compte qu'en ayant un centimètre de quelque chose on a plus de chance de tenir un certain sentiment de l'univers que lorsqu'on prétend peindre le ciel tout entier.
Ma mère n'a choisi ni une feuille ni une tête. Elle a choisi mon père, et pour préserver un certain sentiment, elle a sacrifié le monde.
Nicole Krauss
L'histoire de l'amour
Gallimard "du monde entier"

Monday, September 18, 2006

Se réjouir!

oui se réjouir
d'abord d'être en vie
d'avoir encore envie
de se promener
de parler
de photographier
de l'amitié

Saturday, September 16, 2006

Silence à vif

Qui parle
dans nos corps?
Qui creuse
sans aucun bruit
qui officie
dans notre dos?

Qui décide
de la beauté
de son effondrement?

Mireille Fargier-Caruso

Barjavel

Il n'y a pas d'autre mort que l'absence d'amour.

Thursday, September 14, 2006

Aujourd'hui

dans cinq mois c'est fini!!!

Wednesday, September 13, 2006

okay!!!

The only way to pull off a Sunday afternoon quickie with their 8-year
old son in the apartment was to send him out on the balcony with a
Popsicle and tell him to report on all the neighborhood activities.

He began his commentary as his parents put their plan into operation:

"There's a car being towed from the parking lot", he shouted.
"An ambulance just drove by" " Looks like the Anderson's have company",
he called out.

"Matt's riding a new bike...."
"Looks like the Sanders are moving"
"Jason is on his skate board...."

After a few moments he announced, "The Coopers are having sex!!"

Startled, his Mother and Dad sat up in bed! Dad cautiously called out,
"How do you know they are having sex?"

"Jimmy Cooper is standing on his balcony with a Popsicle."
On appellait Bill Clinton "waffle".
Moi aussi je dois peut-être porter ce deuxième prénom... moi aussi je peux changer d'avis!... parce que je parle avec des gens intellligents, plus intelligentes qu'intelligents...
Alors je me dis... je ne dis plus la même chose, ça me fait réfléchir, prendre conscience... je me laisse moins aller en quelque sorte et ça c'est vital!

Tuesday, September 12, 2006

Je n'en reviens pas

Il doit faire comme d'hab., comme si j'étais (déjà) morte!

Je sais qu'il a quelque chose à voir dans le fait d'être très malade, il m'a (aussi bien que mon attitude) rendue malade, ça a rajouté à mes "dispositions" à l'être, il n'est pas si innocent, bien sûr il n'est ni responsable, ni coupable (il n'y en a pas!) et ça résout tout!!!

C'est pas fun tous les jours (suite...)

Non c'est pas fun
En lisant Ernaux je me dis qu'elle a survécu, elle, elle était gentiment accompagnée parfois, elle fait de la pub à Curie, où il y a une expo en ce moment sur les grilles
elle dit beaucoup de choses dont je me sens proche...
mais sa vie n'est pas la mienne!

Monday, September 11, 2006

Cest la vie, c'est pas drole tous les jours, chacun a son 11 Septembre...

Un amant aimant... Annie Ernaux a eu de la chance durant son épreuve...

(Hervé Guibert, je me rappelle, a écrit "Un ami qui ne m'a pas sauvé la vie"...)
Lors de la chimiotherapie il faut veiller à rester en "bonne santé"!!!

Sunday, September 10, 2006

L'usage de la photo


L'usage de la photo
Originally uploaded by Tendance Flou.
Love is life. And if you miss love, you miss life.

Leo Buscaglia

Oscar Wilde

Conscience morale et lâcheté sont synonymes. La conscience morale? Une marque de fabrique.

Ibsen

L'homme le plus fort est celui qui demeure seul.

Saturday, September 09, 2006

Annie Ernaux-Marc Marie


L’usage de la photo
Annie Ernaux Marc Marie, Gallimard, 2005
par Alice Granger

Annie Ernaux a raison d’écrire que, de ce lit dans lequel, pour la première fois, à l’âge de 17 ans, elle passa toute une nuit avec un garçon, elle n’en est jamais revenue, elle ne s’en est jamais relevée. Ce lit échoua à se fixer comme un lit conjugal, elle préféra l’étonnement renouvelé des lits aléatoires. Elle appartenait à la première génération de femmes pour lesquelles c’était possible.

Si elle n’en est jamais revenue, alors chaque nuit, et chaque histoire avec un homme différent, chaque acte sexuel, ne sont que la réitération de cette première nuit avec un garçon, cet instant-là s’éternise par la répétition, par le renouvellement, c’est toujours un homme différent, un lit différent, dans des endroits différents, mais c’est pour entretenir le même étonnement que celui de la première fois, c’est pour fixer le premier garçon. C’est pour immortaliser la scène unique d’une disparition définitive dans l’acte sexuel, la ralentir. Le garçon l’emmène ailleurs, elle monte dans une fusée destination ailleurs, invisible.

N’est-ce pas ce qui est photographié ?

Ce livre : Annie Ernaux, Marc Marie, séparément et sans se donner à lire ce qu’ils écrivent pendant tout le temps que ça dure, écrivent à partir des photos que l’un ou l’autre prend des vêtements tombés au hasard lorsqu’ils se sont déshabillés pour faire l’amour, dans des lieux variés, Cergy sa maison à elle étant le lieu fixe, mais aussi des chambres d’hôtel.

Annie Ernaux est en traitement pour un cancer du sein. Marc Marie vient de quitter à la fois sa compagne, son appartement et son travail. Il lui écrivit d’un hôtel de Bruxelles, juste après la mort de sa mère, dont il n’arrivait pas à se relever. Elle remarqua le papier à lettres de cet hôtel dans lequel, coïncidence, elle séjourna elle-même quatorze ans auparavant, lorsque sa propre mère était en train de mourir. Ils vinrent tous deux dans cet hôtel, à Bruxelles, pour l’amour. La mort de leur mère respective plane donc sur leur histoire d’amour ! Comme l’écrit Marc Marie, ils font un ménage à trois car, du fait du cancer en traitement, la mort est très présente, envahissante, poche de chimio qu’elle a accrochée à son ventre, cathéter qu’elle a sous la clavicule, crâne lisse sous la perruque, absence de poils pubiens, de cils, teint de cire qui évoque les pensionnaires du musée Grévin ou les cadavres en attente de dissection à la fac de médecine…Mais cette mort, par cette femme si vivante qui rit, qui vit sa vie sexuelle comme si de rien n’était, semble tenue éloignée. On ne peut s’empêcher de penser que cet homme, par cet amour bizarre avec cette femme elle-même dans une situation bizarre, précaire, à fricoter avec la mort, dit adieu, prend le temps de dire adieu à sa mère redevenue vivante dans sa mort. Il s’est mis en vacances de tout le reste pour accomplir cela. En ayant repéré, en l’écrivaine Annie Ernaux, le personnage qui pouvait le mieux rendre cela possible. D’une certaine manière, son cancer en traitement tombe pile, pour cet amour-là spécial ! Elle aussi est en situation de vacances, par son cancer.

Et elle ? Dit-elle aussi adieu à sa mère par cet amour-là ? Ou à quelqu’un d’autre par sa mère ? Le masque de sa mère s’était-il mis sur elle par la transformation de son apparence due au traitement (aux mauvais traitements subis par son corps, traitement agressif, toutes sortes d’examens), et à la fin s’est-elle elle-même écarté ce masque pour le jeter à jamais ? Ce corps entre les mains de la médecine comme entre les mains de cet homme, crâne nu, pubis nu, était-il comme le corps d’une petite fille retrouvé un moment ? Sans poils pubiens, ce sexe apparaît à l’homme comme ressemblant à celui d’une petite fille.

Alors, la scène invisible dont témoignent le lendemain les vêtements épars photographiés, interprétables comme un test de Rorschach, de même que Annie Ernaux depuis toujours a une immense curiosité pour ces taches, par exemple sur les matelas, mais aussi traces de doigts sur les lettres, les pages, taches de confiture, etc…qui racontent des choses, un ailleurs, cette scène invisible est-elle seulement une scène d’amour unique se prolongeant de répétition en répétition ? Annie Ernaux aurait-elle la passion de se voir disparue à jamais dans ces photos-là où le couple est invisible ? Ecrirait-elle pour que le lecteur, pris à témoin de sa disparition dans un acte sexuel n’ayant plus de fin, en atteste la réalité par les traces matérielles qu’elle en laisse sciemment ? Voudrait-elle que le lecteur soit aussi curieux qu’elle de ces taches ? Voudrait-elle que le lecteur soit le voyeur d’une scène invisible sexuelle où elle disparaît, mais disparition s’éternisant par l’intérêt voyeuriste et en demandant encore ?

Ou bien, dans ce livre, est-ce aussi autre chose ? Ce livre, cet épisode de son histoire où la mort vient réellement rôder autour d’elle, ne donnerait-il pas un sens nouveau à cette fameuse nuit de ses 17 ans dont elle dit qu’elle ne s’est pas relevée ? La première nuit avec un garçon. N’aurait-elle pas imaginé qu’un garçon emmènerait la petite fille dans un pays des merveilles invisible, un acte sexuel pour rester en arrière, dans le noir éblouissant de la jouissance fusée pour rester dans l’avoir été ? L’été, écrit-elle, c’est toujours avoir été. La première nuit éternisée dans l’étonnement renouvelé des lits aléatoires, ne serait-ce pas de rester jeune fille ? Or, cette première nuit n’était-elle pas censée lui faire perdre son état de pure jeune fille pour la faire advenir femme ? Ne se serait-elle pas relevée de ce lit-là pour ne jamais s’apercevoir qu’elle n’était plus une jeune fille...à sa mère ou comme…sa sœur morte devoir de mémoire à rendre à sa mère ? Simple proposition de lecture…Et si cet homme-là la lui faisait vraiment perdre, cette vie de jeune fille ? Et si la mort ne rôdait que pour pouvoir emmener un dû, l’abandon par la femme qu’elle est devenue par cette nuit immémoriale de la fille qu’elle aura "été", pour advenir autre ?

Comme l’écrit Annie Ernaux, ces photos écrites se changent en d’autres scènes dans la mémoire ou l’imagination des lecteurs…

Elle aussi imagine, en regardant les photos. Elle a toujours désiré conserver l’image du paysage dévasté d’après l’amour. Comme pour vérifier qu’elle n’y revient pas ? Photo de la chambre de l’Institut Curie : à l’intérieur, elle écrit qu’elle se sent dans une sorte de lieu idéal, des humains prennent soin d’autres humains, d’elle. Pourrait-on dire qu’ils la maternent, que c’est un lieu matriciel revisité, où son corps cancéreux serait le lien retissé avec son corps fœtal ? Malmené, certes, mais ça prend soin autour.

Une photo. C’est Marc Marie qui écrit. Une chaussure d’homme piétine (c’est moi qui souligne) un soutien-gorge, ce n’est plus un soutif, c’est un frelon qu’on écrase sur le carrelage ! Quelle violence ! On dirait aussi la violence d’une défloration, d’une désacralisation ! Voici l’homme muselant, d’une simple, noire et impérieuse pression de semelle, l’éternel féminin ! Le pied droit est celui qui shoote. Et, si elle veut se défendre, peut-être, Marc Marie lui avait dit que c’était le pied pour le coup de pied dans les couilles. En tout cas, il raconte une histoire du temps jadis où il aurait pu avoir à se défendre par ce coup de pied-là d’une agression. Des chaussures à lacets. Pas faciles à délasser, quand ça urge…le désir a le temps de retomber…Ou le temps de se dégriser…Ambivalence… Mettre ce genre de chaussures pour ne pas se précipiter…

Douleur causée par M. encore plus forte que celle causée par l’incertitude sur l’issue du cancer. M. est-il allé téléphoner à son ancienne compagne ? M. va-t-il s’éloigner un jour ? Quelle genre de révélation sera celle vécue avec lui ?

Photo prise dans le bureau. Les amants ont fait tomber des objets du bureau d’Annie Ernaux, en faisant l’amour. Elle écrit qu’elle a eu envie de photographier le saccage d’un sanctuaire ! Ce saccage, comme il vient en résonance avec le musellement de l’éternel féminin !

Intense sensation que les jours de leur histoire sont comptés. Mais peut-être aussi de l’histoire datant des 17 ans ? Sont comptés les jours de leur histoire dans une bulle, celle-là même dont il écrit qu’elle s’est constituée avec la maladie elle-même. Puis il évoque cette femme si vivante mais dont la naissance fut subordonnée à la mort de sa sœur. Quelle est l’immortelle qui s’est tapie dans son corps sous la forme de cellules cancéreuses immortalisées, pourrait-on se demander ? Qui la chimio doit-elle séparer enfin ?

Elle écrit : depuis que nous écrivons, nous sommes dans une avidité photographique, et c’est une perte qui s’accélère.

Elle était éblouie de pouvoir être si heureuse, comme si c’était elle vraiment, peut-être, comme si elle était sûre qu’il s’agissait d’elle, pas d’une autre, enfin. Et elle ajoute…de me sentir la même qu’à 18 ans, qu’il me fallait vivre tout tout de suite car j’allais cessé d’être jeune à l’automne. Enterrer la vie de jeune fille ?

Tragique, la photo, à l’inverse de la chanson capable de retenir les instants de bonheur. La photo est éperdue, elle est un trou par lequel on aperçoit la lumière du néant. Toute photo est métaphysique, écrit Annie Ernaux.

Lui : tu as toujours voulu écrire comme si tu devais mourir après, eh bien tu y es…

Elle : comment penser ma mort ?

Mais peut-être y a-t-il une autre vie, après cette mort-là ?

Lui : venir à Bruxelles avec A. c’était aussi recréer ma ville d’adoption, et donner à mon enfance le pouvoir de s’éteindre !

Alors, la photo suivante ! Annie Ernaux écrit : rien n’appartient à M. sur cette photo ! Et elle se met à parler du lit qui apparaît sur la photo. Un lit style Napoléon III, comme celui de Brigitte Bardot, qu’elle et son mari cherchèrent longtemps. Un lit qui, pourtant, ne fut jamais vraiment conjugal, car lorsque enfin ils le reçurent, ils ne faisaient plus l’amour depuis cinq mois et se séparèrent trois ans après. Voilà le lit qui apparaît sur la photo, le lit aléatoire, pas le lit conjugal, pourtant au cœur de la maison conjugale, mais une anomalie, un lit qui ressemble plus au lit de la première nuit avec un garçon, à 17 ans, et là, le mari, il ne pouvait évidemment pas lutter… Un lit pas comme celui des parents, dit-elle. Aura-t-elle toujours empêché que son lit à elle ne devienne pas comme le lit des parents jusque dans son mariage ? La photo semble avoir, par ce lit, rendu visible le premier lit, celui des 17 ans.

Devant une photo où se reconnaissent soutien-gorge, porte-jarretelles, string, elle ne se reconnaît pas. Cela pourrait être tombé d’un mannequin. On dirait qu’elle s’est éloignée de cette scène.

Lui : à propos du jean par terre, sur la photo, il évoque son adolescence, portant les oripeaux de l’élève Marie, modèle conçu et façonné par ses parents, bon élève, pantalon en tergal et chemise en nylon, moqué par ses copains, eux en jean. Par le jean, sur la photo, il se débarrasse du garçon à ses parents (à sa mère ?) qu’il a été. Il se détache. Il a pu se dénuder sans horreur.

Elle, devant une photo : tout est transfiguré et désincarné. Paradoxe de cette photo qui, au lieu de donner plus de réalité à leur amour le décérèbre. Une fixation serait-elle enfin sortie de sa tête ? En tout cas, elle écrit : ici je suis morte ! Clin d’œil au cancer ? Les cellules immortelles sont mortes ?

Lui : ces photos ont valeur de journal intime de l’année 2003. L’amour et la mort. Et ils posent, chacun d’eux, les scellés sur une partie de leur histoire.

C’est dire si nous, lecteurs, nous pouvons entendre beaucoup de choses dans ce livre ! Cela a l’air simple. Mais c’est autre chose. Une histoire d’amour se tisse avec un traitement chimiothérapique et avec l’écriture, pour, peut-être, laisser mourir ce qui devait être laissé à la mort, et pour laisser vivre.

Alice Granger Guitard

Friday, September 08, 2006

Annie Ernaux, le cancer

Radiographie de l'amour

par Marianne Payot -L'Express-

Mêlant photographies et commentaires à deux voix, Annie Ernaux et Marc Marie nous content leur corps-à-corps contre la mort

Encore une fois, Annie Ernaux nous étonne, nous bouscule. Encore une fois, avec une merveilleuse impudeur, jamais vulgaire, toujours littéraire, elle nous raconte l'intime. Après la passion, la jalousie, la honte, l'avortement, l'Alzheimer, voici le ménage à trois: la femme, l'homme et la mort. «Tu n'as eu un cancer que pour l'écrire», lui susurre M. (Marc Marie), le compagnon. «Je n'attends pas de la vie qu'elle m'apporte des sujets mais des organisations inconnues d'écriture», lui réplique A. (Annie).

«La trace objective de leur jouissance»

Au départ de cette année 2003, pleine, explosive, il y a un dîner entre un homme malheureux, qui vient de larguer les amarres, et une femme déterminée, qui se débat avec son cancer du sein. Sans ambages, elle lui dit tout: la chimio, la perruque, le cathéter, l'opération à venir... Le soir même, ils feront l'amour. Bientôt vient à A. l'idée saugrenue de photographier «la trace objective de leur jouissance», tous ces vêtements épars que les amants laissent choir dans la frénésie du désir. «Saisir l'irréalité du sexe», capter l'amour, arrêter le temps.

Très vite, bien sûr, l'écriture s'en mêle. Le propos est séduisant: choisir quatorze de ces clichés et les commenter, librement, chacun de son côté. Et le résultat, passionnant: les voix se répondent, celle de la femme, étrangement gaie, devançant celle de l'homme, extrêmement douce. «Tu n'es pas une cancéreuse sérieuse», lui confie, admiratif, M. Pourtant, A. ne le cache pas, son «corps est le théâtre d'opérations violentes». Mais, sublimée par l'amour de Marc, portée par son projet photographique, transcendée par les mots - «L'écriture est suspension de toute sensation pour moi» - Annie vit l'année 2003 «au-dessus du cancer».

7 janvier 2004: la dernière photo, trop esthétique, a perdu de son innocence. Le sens fait défaut. Le jeu est terminé, la mort est suspendue, le temps peut reprendre son vol.
Seuls l'amour et l'écriture demeurent.
Les deux moteurs de vie de Mme Ernaux.
Mourir pour guérir...
Cruisin`

Baby let`s cruise
Away from here
Don`t be confused
The way is clear

This is not a one night stand, baby

Yeah so,
Let the music take your mind
Just release and you will find
You`re gonna fly away
Glad you`re goin` my way
I love it when we`re cruisin` together
Music is played for love
Cruisin` is made for love
I love it when we`re cruisin` together

Baby tonight
Belongs to us
Everything`s right
Do what you might
And inch by inch we get closer and closer
To every little part of each other
Oh, baby, yeah


So let the music take your mind
Just release and you will find
You`re gonna fly away
Glad you`re goin` my way
I love it when we`re cruisin` together
Music is played for love
Cruisin` is made for love
I love it when we`re cruisin` together

Cruise with me, baby
Oooh baby let`s cruise
Let`s float
Let`s glide
Ooh let`s open love
And go inside

And if you want it, you got it forever
I could just stay here beside you and love you, baby

Let the music take your mind
Just release and you will find
You`re gunna fly away
Glad you`re goin` my way
I love it when we`re cruisin` together
The music is played for love
Cruisin` is made for love
I love it when we`re cruisin` together

You`re gonna fly away
Glad you`re goin` my way
I love it when we`re cruisin` together
Music is played for love
cruisin` is made for love
I love it when
I love it
I love it
I love it

(Cruise with me, baby)
(I love it when we`re cruisin` together)

Style and grace

Where do we go nobody knows
I’ve gotta’ say i’m on my way down
God give me style and give me grace
God put a smile upon my face

Where do we go to draw the line
I’ve gotta’ say i’ve wasted all your time, honey honey
Where do i go to fall from grace
God put a smile upon your face, yeah

Now when you work it out i’m worse than you
Yeah when you work it out i want it too
Now when you work out where to draw the line
Your guess is as good as mine

Where do we go nobody knows
Don’t ever say you’re on your way down, when
God gave you style and gave you grace
And put a smile upon your face, oh yeah

Now when you work it out i’m worse than you
Yeah when you work it out i want it too
Now when you work out where to draw the line
Your guess is as good as mine

It’s as good as mine

Na nana nana, na nana nana

As good as mine

Where do we go nobody knows
Don’t ever say you’re on your way down, when
God gave you style and gave you grace
And put a smile upon your face


Coldplay

Wednesday, September 06, 2006

ELLE 3166

Quand la famille s'emmèle :

Mon mari cette adolescente

Comment c'était avant?
C'était un gars plutôt poilu qui mangeait du saucisson et secouait les épaules quand il riait. Son petit bedon était volontiers moulé dans un T-shirt imprimé Décathlon sur la manche mais il s'en fichait pas mal, il sentait super bon l'Eau Sauvage, c'était déjà énorme comme concession au raffinement fashion.

Comment l'air du temps a changé tout ça
La métrosexualité est passée par là : désormais, un mari c'est ce type qui balance des phéromones d'Angel de Mugler tous azimuts, retire vertueusement le saucisson de votre chariot et rit en cachant sa bouche pour cause d'orthodontie tardive. Ses marque préférées? Replay et Diesel. Quand vous suggérez qu'il est peut-être allé un poil trop loin dans sa quête de modernité, il hausse les épaules, branche son iPod et quitte la pièce en haussant les épaules. Il vous fait penser à qui? Ah oui, à Angela, 15 ans. Sa fille.

Quelle survie possible?
D'abord prier pour qu'il ne découvre jamais le chanteur Raphaël (150 fois par jours "dins cent cinquinte ins..."). Ensuite, faire avec lui comme avec une ado. Menacer de squeezer son forfait SMS s'il refuse de mettre le couvert? Non, rien de si cruel. Mais faire le gros dos et attendre que ça passe. Le mouvement übersexuel (i.e. les bons vieux hommes d'avant, avec des poils et des incisives de travers) progresse chaque jour davantage. Comme avec une ado, le temps joue pour vous.

Alix Girod de l'Ain

Tuesday, September 05, 2006

Roger-Viollet

"Une image vaut mieux que 1000 mots"

Madeleine Peyroux -Dance Me To The End Of Love



Dance Me To The End Of Love

( Leonard Cohen )

Dance me to your beauty with a burning violin
Dance me through the panic 'til I'm gathered safely in
Lift me like an olive branch and be my homeward dove

Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Let me see your beauty when the witnesses are gone
Let me feel you moving like they do in Babylon
Show me slowly what I only know the limits of

Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Dance me to the wedding now, dance me on and on
Dance me very tenderly and dance me very long
We're both of us beneath our love, we're both of us above

Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Dance me to the children who are asking to be born
Dance me through the curtains that our kisses have outworn
Raise a tent of shelter now, though every thread is torn

Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Dance me to your beauty with a burning violin
Dance me through the panic till I'm gathered safely in
Touch me with your naked hand or touch me with your glove

Dance me to the end of love
Dance me to the end of love
Dance me to the end of love

Monday, September 04, 2006

Venezia mia

On ne quitte pas Venise, Monsieur, on s'en arrache.
Un séjour à Venise, c'est une étreinte.

François Mauriac

Sunday, September 03, 2006

Le World Press, fabrique d'icônes

Le World Press prime depuis 1955, à Amsterdam, des photoreporters du monde entier. Il tend, par sa réputation, à fixer les canons du métier.

Le motif de "la mère à l'enfant" revient régulièrement. Tout comme d'autres thèmes identifiables : la famille accablée par le deuil ; les survivants blessés ; les réfugiés affamés ; les morts violentes. "Les photos de l'année se ressemblent, admet le directeur. Sans doute parce que les membres du jury viennent du monde entier. Qu'est-ce qui les rapproche ? Des thèmes universels, éternels : l'amour maternel ou paternel, la mort et le deuil. Soit un certain "humanisme"."

Un humanisme qui privilégie l'émotion, à travers la représentation de victimes et de leur souffrance, dans des raccourcis ou des oppositions saisissants mais parfois manichéens (Noirs et Blancs, civil et soldat). Les vues larges sur des paysages d'actualité sont écartées au profit de plans rapprochés sur des gens. Autre trait frappant : les photos primées sont souvent spectaculaires, saisissant l'instant où la tension atteint son point fort.

Ces standards de sujets et de compositions sont décortiqués par Vincent Lavoie, professeur en histoire de l'art à l'université du Québec, à Montréal, dans L'Instant-monument (éd. Dazibao, 2001). "Les critères de la bonne image, tels qu'ils sont fixés par ces instances de légitimation que sont les prix, reposent sur des instants emblématiques, dit-il au téléphone. Cela conduit à envisager l'histoire sous le seul angle de la catastrophe, de l'accident."

Pour cet universitaire, les images du World Press, avec leur prétention à transcender l'événement, finissent en fait par l'oblitérer. "Ces "chefs-d'oeuvre" du photojournalisme sont dépourvus d'éléments de compréhension ; ils mythifient davantage les événements, par des représentations chocs ou inusitées, qu'ils ne les élucident."

"Mais ceux qui s'opposent à ces critères, à l'intérieur de la profession, se définissent quand même à partir d'eux."

C'est le cas de Gilles Saussier, ancien reporter, qui s'est tourné vers une photographie documentaire. Dans un article marquant de la revue Communication (no 71, "Le parti pris du document", 2001), il analyse la photo de David Turnley, World Press 1991 - un soldat américain en Irak pleure près d'un camarade mort -, montrant qu'elle est le "concentré" de deux images anciennes et célèbres. Il écrit : "J'ai fini par comprendre que le prétendu travail de mémoire sur lequel repose l'honneur de la profession se limitait souvent à un pur exercice de révérence iconographique et d'autocélébration corporatiste. (...)

Plus que des événements eux-mêmes, c'est de la tradition iconographique des médias de masse occidentaux et de son hégémonie planétaire que les photos d'actualité témoignent au premier plan."

Claire Guillot - Le Monde 020906

Pink life


Pink life
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I still have hair!

Jean Simard

Il y a toutes sortes d'amours et, à l'intérieur de chacun d'entre eux, une infinité de degrés et de paliers, qui s'appellent affection, adoration, attachement, inclination, tendresse, passion et le reste.
Jean Simard

Extrait de La séparation